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Ahoué/ Face à la déclaration d’utilité publique : Le Collectif des attributaires de la forêt de la Djibi propose un dialogue avec l'État

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18.11.2025
Le chapeau

Le Collectif des attributaires de la forêt de la Djibi (Cafod), regroupant des propriétaires d'un vaste domaine foncier à Ahoué, a réagi à la récente Déclaration d'utilité publique (Dup) du site par le ministère de la Construction, du logement et de l'urbanisme (Mclau), affirmant détenir des droits légaux sur une partie significative de cette zone et proposant une méthode consensuelle d'expropriation à l'État.

Lors d’une conférence de presse tenue, le vendredi 14 novembre 2025,  à Cocody-Angré au siège de l’entreprise Eox-CI Nouvelle, le collectif, qui revendique la propriété d'au moins 450 des 514 hectares concernés par la Dup (décret 2025-233 du 9 avril 2025), a expliqué le contexte et fait des propositions à l’Etat. « Nous souhaitons une approche légale et institutionnelle pour résoudre ce différend et permettre à l'État de réaliser son programme de logements sociaux dans le respect des droits de chacun », a déclaré Mobio Eric, porte-parole du Cafod, insistant sur une démarche de conciliation plutôt que de confrontation.  « Le Mclau a depuis le mardi 11 novembre, publié un communiqué informant les usagers que le site d'Ahoué est désormais une réserve domaniale exclusivement dédiée aux logements sociaux, interdisant toute transaction », a-t-il rappelé. Puis de préciser que l'essentiel de cette zone chevauche un terrain de 1042 hectares issu du déclassement de la forêt de la Djibi en 1959 et attribué dès 1967 à une quarantaine de cadres Ivoiriens, aujourd'hui membres du collectif.  
Face à cette situation, le porte-parole a souligné la force juridique de leurs titres : Ils détiennent des arrêtés d'occupation datant de 1967 et 1969, publiés au Journal officiel ; Les parcelles ont fait l'objet d'une immatriculation au livre foncier, créant des titres fonciers globaux ; les redevances prescrites par le cahier des charges ont été réglées à l'État, etc.
Mobio Eric a aussi rappelé que les litiges ont débuté en 2013 lorsque le ministère de la Construction d'alors avait identifié une partie du site pour des logements sociaux. « En réalité, au moins 450 ha de ce site de 514 ha, dont les limites ont été communiquées dans le décret de déclaration d’utilité publique, empiètent sur un site de 1042 ha, issu du déclassement en 1959 de la forêt de la Djibi, et attribué depuis 1967 à une quarantaine de cadres Ivoiriens, aujourd’hui regroupés dans une association dénommée Cafod. Cette association se bat depuis les années 2000, depuis donc que l’Etat de Côte d’Ivoire a fait de cette zone une partie du grand Abidjan, en relation constante avec les services du ministère de la Construction, pour que ses droits sur ce foncier soient reconnus et consolidé », a expliqué Mobio Eric.
Le porte-parole a également insisté sur l'existence d'une décision judiciaire passée : un premier arrêté d'approbation de lotissement basé sur des droits coutumiers présumés du village d'Ahoué- octroyant 330 ha à l'État- a été annulé par la Chambre administrative de la Cour suprême (actuel Conseil d'État), entraînant un arrêté d'annulation formel de la part du ministre successeur. Le collectif déplore que l'administration actuelle ait relancé le programme immobilier sur ces 330 ha, ignorant la décision d'annulation et affectant des parcelles à divers opérateurs.
Soucieux de faciliter la réalisation du programme gouvernemental tout en préservant leurs droits, le Cafod propose une feuille de route en trois points à l'État de Côte d'Ivoire : Mener une enquête pour identifier de manière légale et incontestable tous ceux qui réclament des droits sur le site ; Prendre un arrêté interministériel pour établir le cadre institutionnel légal qui conduira l'ensemble du processus d'expropriation pour cause d'utilité publique ; et suspendre immédiatement tous les travaux et les cessions en cours sur le site, en attendant la conclusion d'un protocole d'accord avec les détenteurs de droits réels. « La loi oblige toutes les parties, y compris le Gouvernement. Il faut mener toutes ces actions, non pas parce que c'est le Cafod qui les demande, mais parce que c'est la loi qui le prescrit », a conclu Mobio Eric, assurant la disposition du collectif à collaborer dans le respect du cadre légal. 
Notons que de nombreux responsables du Cafod dont Sangaré Paul-Henri, Secrétaire exécutif étaient présents à la conférence de presse.

Réaction
Du côté du ministère en charge de la Construction, l’heure n’est pas à la polémique, mais à la réalisation du projet. Joint pour avoir sa réaction, il nous a été demandé de nous référer à la vidéo publiée le vendredi 14 novembre 2025 sur sa page Facebook. Dans cette vidéo, Jacob Kouamé, Directeur de la Topographie et de la Cartographie, apporte des précisions relatives au site des logements sociaux de la zone d’Ahoué. M. Kouamé y soutient que le site des logements sociaux n’a rien à voir avec le village d’Ahoué, situé à 1,5 km de là. « Le site a été identifié depuis 2014 et a fait l’objet de discussions avec les populations riveraines. Depuis avril 2025, le ministère de la Construction a jugé utile de prendre une déclaration d’utilité publique, par décret, qui a été publiée au Journal Officiel. Le site consacré aux logements sociaux d’Ahoué a une superficie de 514 hectares. À l’Est, il est limité par le village d’Anyama Débarcadère, au Nord par le village d’Ahoué, à l’Ouest par le village de Quatre Croix et au Sud par le village de Djibi... », explique Jacob Kouamé. 
 Il ajoute que le site consacré aux logements sociaux s'étend sur 2,4 km du Nord au Sud, et sur 4,3 km de l’Est à l’Ouest.                                        Le Directeur de la Topographie et de la Cartographie souligne que le site d’Ahoué est destiné à la construction de logements sociaux au profit des populations. Il a été attribué à cet effet à des promoteurs immobiliers. Selon le cadre du ministère de la Construction, chaque promoteur immobilier dispose de panneaux d’identification de son projet, et ces panneaux sont bien identifiés sur le terrain. « Dès la prise de la Déclaration d’Utilité Publique (Dup), il est important de limiter le site par des panneaux signalétiques qui permettent d’identifier clairement et aisément le périmètre du Dup », avance-t-il, avant d’affirmer : « Le site d’Ahoué est un site déclassé qui fait partie des parcelles de l’État. Les populations riveraines ont été désintéressées (c’est-à-dire indemnisées) par rapport à ce déclassement. Par conséquent, il n’y a pas de propriétaires terriens qui réclament le site d’Ahoué. »

Signature
Séverin DJAHA
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