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Interview/ Après avoir remporté le tournoi international Fip Silver-Nhood Open Padel / Hassan Zorkot (Pdt du club Padelta de Cocody) : « Une victoire historique qui confirme la progression du padel ivoirien »

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13.10.2025
Le chapeau

Vainqueur du tournoi international Fip Silver-Nhood Open Padel, organisé à Abidjan du 29 septembre au 5 octobre 2025, le club Padelta de Cocody a marqué un tournant dans l’histoire du padel ivoirien. Son président, Hassan Zorkot, revient, dans cette interview, sur cette victoire prestigieuse, l’émergence du padel en Côte d’Ivoire et les ambitions d’un club qui veut s’imposer comme une référence sur le continent africain.

Votre club vient de remporter le tournoi international Fip Silver Cup qui s’est déroulé à Abidjan. Quelle est votre réaction ?
Hassan Zorkot : À l’issue du dernier tournoi international Philippe Silber, qui s’est tenu la semaine dernière au Central tennis club, notre équipe a eu la chance de s’imposer haut la main. Nous en sommes extrêmement fiers. C’est une immense joie et une grande fierté d’avoir remporté ce trophée Silver, d’autant qu’il compte beaucoup pour le classement mondial.

Combien d’équipes du club étaient engagées, et qui a remporté le titre ?
Nous avions quatre équipes en lice lors de ce tournoi, et l’une d’entre elles a décroché la victoire finale. Elle était composée de deux joueurs espagnols : Luis Oliver Artigas et Fran Ramirez.

Comment les avez-vous rencontrés ?
C’est lors de mon dernier voyage en Espagne, cet été, que j’ai fait leur connaissance. Je m’y étais rendu pour signer un partenariat avec une académie de padel, à Saragosse, ‘’Padel Saragosse’’. Au fil des rencontres, nous avons eu la chance de découvrir ces deux jeunes prodiges. Nous leur avons proposé de venir en Côte d’Ivoire pour disputer ce tournoi Silver. Ils connaissaient déjà la réputation du tournoi que nous avions organisé en mai dernier et ont accepté de défendre les couleurs de notre club.

Quelles dispositions avez-vous prises pour les accueillir et les mettre dans les meilleures conditions ?
Sur le plan logistique, nous avons pris en charge les billets d’avion, les déplacements sur place et l’hébergement. Ils sont arrivés deux jours avant la compétition afin de s’entraîner et de s’acclimater aux conditions locales, très différentes de celles d’Espagne, notamment en matière de chaleur et d’humidité. Nous avions engagé un coach espagnol pour les encadrer sur place. Cette préparation a été déterminante : elle leur a permis d’ajuster leurs stratégies et d’être pleinement performants le jour J. Les résultats parlent d’eux-mêmes.

Après ce succès, quelles sont les perspectives pour Padelta ?
Nous comptons poursuivre sur cette lancée et organiser davantage de tournois internationaux en Côte d’Ivoire. Le pays commence à se faire un nom sur la scène continentale du padel. Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir au niveau mondial mais l’Afrique reconnaît désormais la qualité de nos infrastructures et notre capacité d’organisation. Je tiens également à souligner la performance de nos joueuses locales : deux Ivoiriennes ont atteint les demi-finales. C’est une grande fierté pour nous, d’autant qu’elles ne bénéficient pas encore d’un encadrement professionnel structuré.

Un autre tournoi Fip est-il déjà prévu ?
Oui, nous travaillons à l’organisation d’un nouveau tournoi Fip l’année prochaine. Le grade exact reste confidentiel pour le moment mais je peux déjà annoncer qu’une compétition U18, toujours sous l’égide du Fip, se tiendra en prélude à l’épreuve senior ; un peu à la manière d’une Coupe Davis junior.

Ces deux joueuses ivoiriennes pourraient-elles intégrer votre club à terme ?
Pourquoi pas ? Nous sommes toujours à la recherche de talents. Ces jeunes femmes appartiennent pour l’instant à une autre écurie, que nous respectons, mais aucune porte n’est fermée. Nous les avons déjà approchées, et si les conditions s’y prêtent, elles pourraient nous rejoindre.

Et concernant vos joueurs étrangers ?
Nos partenariats actuels concernent surtout des compétitions en Afrique. Fran Ramirez, par exemple, a déjà joué sous nos couleurs en Tunisie, où il dispute actuellement un autre tournoi aux côtés d’un joueur tunisien du club Adelta, également présent lors de notre Fip Silver. Ces collaborations fonctionnent bien et nous permettent d’accroître la visibilité du club.

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez Luis Oliver et Fran Ramirez ?
Chez Luis Oliver, c’est d’abord sa taille et son envergure : il mesure plus de deux mètres et couvre remarquablement le filet. Sa frappe est atypique, très difficile à contrer. Quant à Fran Ramirez, c’est un véritable compétiteur, un battant. Il joue à 500 % et ne lâche rien. En finale, ils étaient menés 5-2 au tiebreak sur service adverse mais ont réussi à renverser la situation et à remporter la manche. Cette rage de vaincre est admirable. Au-delà de leurs qualités sportives, ils ont aussi fait preuve d’humilité et de générosité : ils ont échangé avec les amateurs, donné des conseils, encouragé les participants… Ce sont des valeurs que nous partageons pleinement à Padelta.

Qu’en est-il du développement du padel en Côte d’Ivoire ?
Nous travaillons, en collaboration avec la Fédération, à faire connaître le padel à travers le pays. Nous disposons déjà de deux terrains à San Pedro et envisageons une extension vers Bouaké et Yamoussoukro. Nous intervenons aussi dans les écoles, notamment à Yopougon, Abobo et à l’Université de Cocody. L’objectif est de démystifier ce sport encore souvent confondu avec le tennis.

Justement, où en sont vos joueurs au classement mondial ?
Fran Ramirez est actuellement 113e mondial. Pour Luis Oliver, c’était son premier circuit Fip : il occupe désormais la 253e place, soit une progression d’environ 139 rangs après ce tournoi.

Comment évolue la pratique du padel en Côte d’Ivoire ?
Depuis le premier Fip organisé en mai dernier, l’engouement pour le padel a littéralement explosé. Ce sport n’est plus perçu comme réservé à une élite. Aujourd’hui, la proportion de pratiquants ivoiriens est passée de 30 % à près de 50 %. C’est une évolution très encourageante. À ce jour, 15 clubs sont officiellement recensés et actifs, et trois autres verront bientôt le jour. On estime le nombre total de pratiquants à plus de 1 500 dont une centaine de licenciés au sein de Padelta.

Vous avez évoqué la place des femmes dans votre club…
Oui, c’est un point qui me tient à cœur. Nous n’avons pas encore de filière féminine structurée, et cela me chagrine. Beaucoup de femmes pratiquent le padel mais peu s’engagent en compétition. Nous travaillons à constituer une équipe féminine, en commençant par la formation des jeunes.

Quels sont les prochains défis pour Padelta ?
Nous avons commencé avec un Fip Bronze, puis obtenu un Silver. Passer à un grade supérieur est envisageable mais cela dépend aussi des moyens financiers : les distinctions Bronze, Silver et Gold se jouent sur le prize money et les points attribués. Notre ambition est claire : faire de Padelta une référence du padel en Côte d’Ivoire et en Afrique. Nous avons déjà remporté plusieurs tournois dont un au Sénégal, et le jour même de notre victoire au Fip Silver d’Abidjan, notre club s’est imposé en Tanzanie. Ces succès montrent que nous sommes sur la bonne voie.

Un ultime appel ?
Remporter ce tournoi est une étape importante pour notre notoriété. Nous voulons continuer à progresser tout en restant fidèles à nos valeurs : travail, humilité et passion. Grâce au soutien de la Fédération et de nos partenaires, je suis convaincu que le padel ivoirien a un avenir très prometteur.

Signature
Réalisée par Guillaume AHOUTOU
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