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Présidentielle 2025 : Gbagbo revient à la charge

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19.09.2025
Le chapeau

C'est désormais clair. Le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (Ppa-CI) ne soutiendra pas un des candidats retenus par le Conseil constitutionnel pour l'élection présidentielle d’octobre 2025. 

 

Encore moins, il ne permettra pas à Alassane Ouattara de faire un « 4e mandat ». C'est la substance moelle qui est sortie, le jeudi 18 septembre 2025, de la déclaration de Me Habiba Touré, au nom du président du Ppa-CI, Laurent Gbagbo, au cabinet de ce dernier, à Cocody-Attoban.

En faisant le point des différentes concertations que M. Gbagbo a eues avec quatre principaux candidats recalés pour la prochaine présidentielle, elle a annoncé que les discussions n'ont pas permis de faire consensus pour soutenir un candidat validé. « Le président Laurent Gbagbo a entendu chacune de ces propositions. La première, bien que pertinente en théorie, n’a pas prospéré : elle ne faisait pas l’unanimité, ni parmi les candidats exclus ni parmi nos concitoyens. De plus, il faut le dire clairement, les candidats retenus par le Conseil constitutionnel ne sont pas ceux investis par les grands partis politiques du pays. Dès lors, il n’y avait ni consensus ni légitimité suffisante pour bâtir une telle stratégie », a déclaré Me Touré.
L'option adoptée a été donc la résistance démocratique. « La seconde option, celle d’actions démocratiques et pacifiques, s’est imposée comme la voie à suivre. Car notre véritable adversaire, ce n’est pas tel ou tel candidat : c’est le régime Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix), avec à sa tête monsieur Alassane Ouattara, qui semble vouloir transformer la Côte d’Ivoire en un royaume personnel, où la Constitution n’est plus une boussole mais un obstacle à contourner ». 
Après avoir donné sa position par la voix de son avocate, l'ancien président ivoirien a dénoncé la ‘’confiscation’’ du pouvoir par le régime Rhdp. Pour lui, la véritable responsabilité des démocrates n’est pas de chercher une échappatoire mais de tenir debout face à l’épreuve. Il a estimé que cela est l’essence même du combat, c’est-à-dire garantir une alternance démocratique, préserver les libertés publiques et assurer la dignité du peuple ivoirien. « Aujourd’hui, ce qui est en jeu dépasse la seule élection présidentielle. Ce qui est en jeu, c’est la survie de notre démocratie, c’est le respect de nos libertés publiques, c’est l’avenir même de notre nation. En validant un quatrième mandat anticonstitutionnel et en écartant 55 candidats, dont ceux des principaux partis d’opposition, c’est le principe d’égalité devant la loi qui a été foulé aux pieds. Et ainsi, on a privé le peuple de son droit souverain de choisir librement son dirigeant », a insisté la porte-parole de l’ex-chef d’Etat.

Fermeté face à la candidature du chef de l’Etat


Dans son réquisitoire contre le pouvoir Ouattara, la porte-parole principale du Ppa-CI a regretté que l’élection prochaine ne soit pas « inclusive et transparente ». Elle affirmé cela en mettant l’accent sur les points de discorde, comme « la liste électorale (qui) est contestable », « la Commission électorale indépendante décriée », « le processus électoral actuel qui n’offre aucune garantie de transparence ni de crédibilité ». Malgré tous ces points insatisfaits, Me Habiba Touré a soutenu que Laurent Gbagbo demeure convaincu qu’il est encore temps de privilégier la paix et d’ouvrir la voie à un dialogue sincère. « Mais il reste tout aussi ferme : il ne peut et ne doit pas y avoir de quatrième mandat », a-t-elle martelé. 


Pour le président du Ppa-CI, sa dernière confrontation électorale avec M. Ouattara « a été douloureuse pour la Côte d’Ivoire, précisément parce que la Constitution n’avait pas été respectée ». C’est pourquoi il dit espérer qu’il est de leur responsabilité historique de transmettre à la postérité, « une Côte d’Ivoire en paix, réconciliée et respectueuse de ses propres règles ». « Il ne faut pas croire que l’on est fort parce que l’on tient momentanément les Institutions et les armes. On n’est jamais fort tout le temps. Et surtout, on n’est jamais plus fort que le peuple. Les régimes qui l’ont oublié, partout dans le monde, ont fini par s’effondrer. Le peuple, lui, demeure toujours », s’est adressé M. Gbagbo, par l’entreprise de sa porte-parole, à son successeur à la tête de l’Etat. 
« Gouverner, ce n’est pas s’éterniser au pouvoir au risque de briser la nation. Gouverner, c’est préparer la paix et la réconciliation pour l’avenir. Gouverner, c’est respecter la Constitution, respecter le peuple et accepter que le pouvoir ne soit pas une propriété personnelle mais une charge temporaire confiée par la souveraineté populaire », a-t-elle suggéré. 

Avant de dire que son leader n’a pas envie de contester les Institutions ivoiriennes. « Bien au contraire. Il s’agit de leur rappeler que leur force et leur légitimité ne viennent pas d’elles-mêmes mais du peuple, et du peuple seul. Elles agissent en son nom, et c’est du peuple qu’elles tirent leur autorité. Oublier cela, c’est trahir l’esprit même de la République », a rappelé la juriste. Et de lancer qu’il est encore temps de « rompre avec cette logique de confiscation. Il est encore temps de revenir aux fondamentaux de la démocratie : la souveraineté du peuple, l’égalité de tous devant la loi et la vérité des urnes ».

 

Signature
Omar Abdel Kader TANI
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