Si sa candidature à la présidentielle du samedi 25 octobre 2025 a été recalée, freinant son ambition d’accéder à la présidence sur le prochain quinquennat, Laurent Gbagbo a décidé lui-même de prendre sa retraite politique. Dans l’interview qu’il a donnée à Alain Foka, le mercredi 22 octobre 2025, l’ex-chef de l’Etat a, en effet, partagé sa décision de ne plus être actif au plan politique, tant au niveau de sa formation politique, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (Ppa-CI), que de la politique nationale. « Il n’y a pas de retraite en politique. Je n’irai pas à la retraite mais je m’interdirai d’occuper des fonctions politiques, aussi bien à l’intérieur de mon parti -président- qu’à l’extérieur, dans l’Etat. Et puis on peut faire la politique sans occuper de fonctions ou sans chercher à occuper de fonctions », a-t-il indiqué.
A l’en croire, c’est lors du prochain congrès de son parti, prévu après les législatives de décembre 2025, qu’il entend déposer sa démission de la présidence du Ppa-CI. « Au congrès, je ne serai plus candidat à la direction du parti et puis je vais prendre mon temps pour moi-même et pour ma petite famille. Je vais vivre un peu, écrire. Il y a des moments où il faut arrêter certaines choses », a-t-il déclaré.
L’ancien président de la République a laissé entendre que ce retrait de la vie politique nationale était en réflexion depuis son retour, et sa candidature à la présidentielle de 2025 n’était initialement pas sur son agenda personnel. « Quand j’ai vu que Ouattara s’apprêtait, lui, à être candidat, je dis : zut, c’est très bien, en 2010 j’ai gagné, le Conseil constitutionnel m’a proclamé vainqueur, il a contesté mais moi je suis sûr que je l’ai battu. Il a contesté la décision du Conseil constitutionnel, alors qu’il dit aujourd’hui que cela ne se conteste pas. Alors, je dis on va remettre tout cela pour voir qui a vraiment gagné. C’est pour cela que j’ai accepté. Pour que la vérité puisse s’exprimer. Ce match n’aura pas lieu puisqu’il a écarté ma candidature », a-t-il soutenu. Non sans rejeter les arguments avancés par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara pour justifier sa candidature à la présidentielle à venir. Notamment en ce qui concerne sa santé physique et l’existence de menaces sécuritaires. « A 80 ans passés, on n’est pas en pleine santé », a-t-il tranché. Et d’exprimer sa solidarité aux manifestations actuelles qui protestent contre cette candidature du président de la République. « Je ne leur demande pas de descendre dans la rue mais je veux dire que des gens s’en vont à ce qu’ils appellent des élections. Moi je considère que c’est un braquage. Je considère qu’il s’agit d’un braquage électoral. Nous on avait déposé nos candidatures parce qu’on croyait qu’il s’agissait d’élection. On s’est rendus compte qu’il s’agit d’un braquage. Je ne donne pas l’ordre aux gens d’aller aux élections. Ceux qui sont dans la rue, je les soutiens. Il ne faut même pas qu’il y ait l’ombre d’un doute », a assuré l’ancien chef de l’exécutif ivoirien. Et d’insister : « Laurent Gbagbo n’est pas candidat. Ceux qui peuvent gagner ces élections ont été écartés. Il faut dire les choses clairement. Je n’accepte pas cela. Ce qui fait que ce qui va se faire le 25 octobre, ce n’est pas une élection (…), c’est un braquage électoral (…) ».
Lors de cet échange, l’un des premiers depuis un moment, le président du Ppa-CI est revenu, entre autres, sur la situation son ancien collaborateur actuellement en lice pour le scrutin de ce samedi 25 octobre, Ahoua Don-Mello, ainsi que la crise « ridicule » entre la Côte d’Ivoire et les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes).
Il a d’ailleurs fait cas de sa volonté, après les prochaines échéances nationales, de visiter les différents responsables des pays de l’Aes. « (…) J’irai certainement faire le tour dans ces pays-là pour saluer les jeunes -parce qu’ils sont plus jeunes que moi- discuter un peu avec eux. Mais en réalité, il faut être à la tête de l’Etat pour régler les problèmes de l’Etat. Moi je peux aller les saluer, discuter avec eux, leur apporter la salutation d’un citoyen ivoirien mais les rapports, les relations d’Etat à Etat, elles doivent être gérées par les chefs d’Etat », a-t-il reconnu.